Au Luxembourg, l'égalité entre hommes et femmes dans les sphères de décision économique et publique est une (r)évolution en marche. Lydia Mutsch, ministre de l'Égalité des chances, a présenté, ce 16 septembre, la stratégie du gouvernement pour "un meilleur équilibre entre hommes et femmes dans la prise de décision". Par la même occasion, Madame Mutsch a lancé la nouvelle campagne médiatique du ministère.
Mesures contraignantes dans le secteur public
Pour Lydia Mutsch, il s’agit d’une priorité du nouveau gouvernement "qui engagera notamment des mesures contraignantes envers les conseils d’administration du secteur public et intensifiera sa démarche de sensibilisation et de persuasion envers les entreprises du secteur privé".
A qualifications égales et malgré leur présence croissante sur le marché de l’emploi, les femmes restent largement sous-représentées parmi les décisionnaires, tant dans le secteur public que dans le secteur privé. Ainsi, le nombre de femmes dans les conseils d’administrations ne dépasse pas, en moyenne, les 20%. Dans la fonction publique, alors que les femmes constituent en 2014 pratiquement la moitié du total de fonctionnaires de la carrière supérieure de l’Etat, seulement un quart occupe une fonction de direction. Même constat au niveau des établissements publics ou des entreprises dans lesquelles l’Etat détient des parts: une minorité de femmes sont membres dans les conseils d’administration des établissements publics et le changement ne s’opère que très lentement.
Plus de contraintes et de transparence
Pour pouvoir respecter ses engagements politiques, le gouvernement s’est fixé l’objectif de 40% du "sexe sous-représenté" aux postes à responsabilité dans le secteur public d'ici 2019. Pour atteindre cet objectif ambitieux, de nouvelles procédures de nomination seront mises en œuvre : elles seront plus contraignantes, plus transparentes et permettront une analyse et une évaluation permanente du changement à mettre en place.
Sensibilisation et persuasion des entreprises
Dans le secteur privé, le gouvernement soutient activement la proposition de directive européenne en faveur des quotas légaux pour les sociétés cotées en bourse. En parallèle, la ministre de l’Egalité des chances entend notamment intensifier le programme des actions positives qui permet aux entreprises privées d’accélérer la mise en œuvre d’un meilleur équilibre entre hommes et femmes à tous les niveaux grâce à une démarche volontariste.
Quotas assortis de sanctions pour la constitution des listes électorales
La proportion des femmes dans la prise de décision politique se situe à un niveau légèrement supérieur à ceux du volet économique, mais reste minoritaire par rapport aux hommes. Le gouvernement se propose dès lors de modifier la législation sur le financement des partis politiques afin de garantir un pourcentage de 40% du "sexe sous-représenté" sur les listes de candidats à partir des prochaines élections législatives. Un système échelonné de sanctions est également prévu en cas de non-respect des quotas fixés.
La place des femmes dans l’économie numérique
Dans le secteur ICT en Europe, 9 % seulement des concepteurs d'applications sont des femmes, seuls 19 % d'entre elles occupent des postes à responsabilité, la part des "entrepreneuses" n'atteint pas les 20%, et la main-d’œuvre y est constituée de moins de 30 % de femmes. C'est le constat que tirait la vice-présidente de la Commission européenne, Neelie Kroes, à l'occasion du lancement, au mois de mars de cette année, de la campagne Every Girl Digital, une plate-forme permettant aux femmes de raconter comment elles ont réussi dans le secteur des technologies.
La technologie est trop importante pour être laissée aux hommes!
Attirer un plus grand nombre de femmes vers les carrières du secteur numérique constitue un impératif économique. S'il y avait autant de femmes que d'hommes occupant des emplois numériques, le PIB européen pourrait augmenter d’environ 9 milliards d’euros par an, selon une étude menée par la Commission européenne.
Selon cette enquête, les organisations qui intègrent plus de femmes aux postes d'encadrement affichent une rémunération des capitaux propres supérieure de 35 % et une rentabilité totale pour l'actionnaire supérieure de 34 % aux autres organisations de nature comparable. Les femmes entrepreneurs dans le secteur ICT gagnent 6 % de plus que les femmes non-entrepreneurs employées dans le même secteur; elles sont aussi plus satisfaites de leur emploi, ont davantage le sentiment du travail bien fait et gagnent mieux leur vie que leurs homologues salariées. "La technologie est trop importante pour être laissée aux hommes", n'avait pas hésité à déclarer Madame Kroes!
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Michaël Renotte
Source: Ministère de l'Égalité des chances